La Gouverneure de la BCC délie la langue sur les fluctuations de l’inflation et du taux de change qui s’expliquent par la relation entre l’offre et la demande.

La Gouverneure de la BCC délie la langue sur les fluctuations de l’inflation et du taux de change qui s’expliquent par la relation entre l’offre et la demande.

 

En République Démocratique du Congo (RDC), le marché des changes autant que celui des biens et services subissent de plein fouet, depuis le début de l’année 2023, des chocs à la fois exogènes (Covid-19, conflit russo-ukrainien) et endogènes (guerre d’agression à l’Est du pays).

Comme les autres économies dans le monde, l’économie congolaise n’échappe guère aux fluctuations de l’inflation et du taux de change.

En sa qualité d’autorité de politique monétaire dans le pays, la Banque Centrale du Congo (BCC) reste aux aguets face à une situation économique caractérisée par des incertitudes assez prononcées.

En huit mois, soit entre novembre 2022 et juillet 2023, le taux directeur de la Banque Centrale du Congo (BCC) a été relevé de 7,5% à 25%. Le bond le plus important a été constaté le 8 août 2023 quand le Comité de politique monétaire (CPM) a décidé de faire passer le taux directeur de la BCC de 11% à 25 % pour contenir une inflation en forte progression autour de 23%.

Dans une interview exclusive accordée à Zoom-eco.net, à la chaîne publique RTNC1 et au quotidien L’Avenir,  Madame le Gouverneur de la Banque Centrale du Congo, Malangu Kabedi Mbuyi, justifie les fluctuations de l’inflation et du taux de change observées dans le pays par la loi de l’offre et de la demande.

« À la base des fluctuations de l’inflation et du taux de change, c’est toujours la relation qu’il y a d’un côté entre l’offre et la demande du Franc congolais ; l’offre et la demande de dollar en ce qui concerne le taux des changes; et de l’autre, l’offre et la demande des biens et services en ce qui concerne l’inflation. », note-t-elle.

Pour Madame le Gouverneur de la BCC,
« lorsqu’on est dans une situation où il y a une très forte augmentation de la demande des biens et services ou des dollars par rapport à une offre qui est restée la même, cela se traduit par une dépréciation plus ou moins importante et au niveau des biens et services par une accélération de l’inflation. »

Or, fait-elle remarquer, l’économie de la République Démocratique du Congo (RDC) est fortement dollarisée et dépendante des importations.

« En prenant le taux de change, et comme nous sommes dans une économie dollarisée, la demande de dollar est très élevée. », affirme-t-elle.

Aux grands maux, grands remèdes

Depuis le début de l’année 2023, un certain nombre des mesures ont été prises pour la conduite de la politique monétaire de manière générale, mais aussi pour contenir les pressions lorsque la BCC a réalisé que ces pressions amenaient la dépréciation du taux de change qui, à son tour, entraînait beaucoup de pressions au niveau de l’inflation.

Parmi ces mesures, Madame Malangu Kabedi Mbuyi évoque tout d’abord l’augmentation du coefficient de la réserve obligatoire sur les dépôts à vie en monnaies nationales, qui est passé de 0 à 10% au mois de juin 2023.

Il s’agit, explique-t-elle, d’un élément très important du point-de-vue gestion de la liquidité excédentaire.

« C’est une mesure au niveau de la demande pour contenir la pression de la demande sur les marchés des changes et sur le marché des biens et services », avance-t-elle.

Une deuxième mesure qui est d’une utilisation permanente, mentionne Madame le Gouverneur Malangu Kabedi Mbuyi, porte sur les Bons BCC.

« Il faut souligner ici qu’au niveau de l’évolution de la liquidité dans l’économie, la Banque Centrale a progressivement augmenté les montants offerts aux banques comme une alternative à l’utilisation de la liquidité oisive. Plutôt que cette liquidité aille se porter sur l’achat des devises, la BCC offre la possibilité aux banques commerciales de venir acheter les Bons BCC. Et ces Bons, les banques les achètent pour leur propre compte et celui de leurs clients. », indique-t-elle.

Et d’ajouter : « Si je peux donner un exemple pour montrer l’importance de cet instrument du point de vue de la stérilisation de la liquidité excédentaire, en 2021, le volume des Bons BCC était inférieur à 10 milliards de Francs congolais. Mais si on prend une période plus récente, juin et juillet de cette année, nous sommes allés jusqu’au-delà de 300 milliards des Francs congolais. Ça veut dire que c’est autant qu’il est stérilisé par la Banque Centrale pendant la durée de ces Bons, parce que nous avons les Bons à 7 jours, à 28 jours et 84 jours. »

En effet, pendant cette période-là, il s’observe que le volume qui est investi par les banques dans les Bons BCC ne va pas se retrouver en tout ou en partie sur les marchés des changes pour chercher une rémunération par rapport à cette liquidité excédentaire.

« C’est un instrument que la BCC utilise en permanence. Mais par rapport à l’évolution de la liquidité, la banque offre des volumes beaucoup plus élevés. D’ailleurs, pour les banques, le volume élevé à un taux directeur élevé, c’est une rémunération intéressante qui est une bonne alternative par rapport à l’acquisition des dollars. », soutient-elle.

Madame Malangu Kabedi Mbuyi estime que des actions prises au niveau de la Banque Centrale du Congo, du Gouvernement central, et des finances publiques sont mises en œuvre de manière déterminée pour arriver à l’objectif de la stabilité des prix, et combattre l’inflation.

« Maintenant, lorsqu’on regarde au niveau de l’inflation, on a vu une certaine décélération.
Au début du mois de juillet, l’inflation hebdomadaire était de 1,4%. Mais la dernière semaine, l’inflation était à 0,15% c’est-à-dire qu’on commence à voir l’effet au niveau de l’inflation aussi. », conclut Madame Malangu Kabedi Mbuyi, Gouverneur de la Banque Centrale du Congo .

Jenny KILELE.

 

 

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